Comment fait-on pousser des tomates ?
Climatologie ● Glaciologie ● Géophysique
#dérèglement climatique #variabilité #analyse et prédiction
Édition, 8 p.
Clémentine Bost
Étudiant en master Communication visuelle et graphique
Marie Cavitte
Chercheuse, post-doctorante FNRS
Hugues Goosse
Professeur et directeur de recherche FNRS
Earth and Climate Research Center , Earth and Life Institute, UCL
Mais comment diable fonctionne un modèle climatique ?
Analyser et modéliser les dynamiques des systèmes climatiques
La concentration en CO2 dans l’atmosphère augmente de manière très régulière et un nouveau record est battu chaque année. Par contre, même si la température globale a augmenté de plus de 1° depuis 1850, l’année la plus chaude reste 2016. On s’attend à ce que la valeur de 2016 soit dépassée en 2023 mais pourquoi l’augmentation de la température est-elle beaucoup moins régulière que celle du CO2 ?
De nombreux évènements extrêmes ont eu lieu en Belgique ces dernières années avec des sécheresses accompagnées de canicules en été 2020 et 2022 alors que l’été 2021 a été très humide avec des inondations catastrophiques faisant de nombreuses victimes. Des sécheresses et inondations ont eu lieu de tout temps. Comment déterminer si les évènements récents font partie de la variabilité naturelle du climat et que c’est juste de la ‘malchance’ qu’ils soient si rapprochés ou au contraire si ils ont été engendrés par la réponse du climat aux perturbations humaines ?
En climatologie, on parle de variabilité interne ainsi que de variabilité forcée. La variabilité forcée représente les changements dûs à une cause externe au système climatique comme par exemple l’augmentation de la concentration en CO2 dûe aux activités humaines qui entraîne le réchauffement global observé depuis 150 ans. Un autre exemple est une éruption volcanique majeure qui peut refroidir le climat. D’un autre côté, le climat peut aussi changer d’une période à une autre même en l’absence de perturbation extérieure, c’est la variabilité interne.
Il existe de nombreuses techniques pour estimer la variabilité interne et la variabilité forcée et déterminer si un évènement observé est plutôt lié à l’un ou à l’autre. On peut par exemple estimer la gamme possible des variations naturelles durant une période sans perturbations (par exemple la période préindustrielle avant que les activités humaines n’aient un impact majeur).
Si un évènement récent sort de cette gamme passée, il est probable qu’il soit lié aux activités humaines. On peut aussi calculer la probabilité d’un évènement dans le monde que nous connaissons, où la concentration des gaz à effet de serre a augmenté, par rapport à la probabilité de ce même évènement dans un monde ‘virtuel’ où cette concentration n’aurait pas augmenté.
Sur cette base, on peut alors déterminer la probabilité que l’évènement ait eu lieu dans un des deux cas et arriver par exemple à la conclusion que l’évènement n’aurait pas pu avoir lieu sans les perturbations humaines.