Rétina : Hors de sa vue !
Neuroscience ● Cognition ● Système visuel
Jeu de société
Marie Barthlen
Graphiste
@marie_barthlennn
Tom Brûlé
Graphiste
@tomburgering
Simon Renders
Graphiste
@si_._re
Romane Boulanger
Doctorante
Laura Bourgaux
Doctorante
UNESCOG / Unité de Recherche en Neurosciences Cognitives
CRCN / Center for Research in Cognition & Neurosciences
Faculté de Psychologie, des Sciences de l’éducation et de Logopédie, ULB
Julia Justino
Doctorante
Adélaïde De Heering
Professeure et directrice de LulLABy & UNESCOG
@lesptitsboutsulb
https://crcn.ulb.ac.be/lab/unescog/
https://adeheering.ulb.be/





Connaître l’expérience personnelle d’un agent en environnement complexe : Cas d’étude de la visite libre au musée
Notre cerveau interprète le monde qui nous entoure. Tout ce que l’on voit doit, dès lors, plutôt être considéré comme une traduction de ce que l’on voit. Ainsi, quand nous identifions un objet, nous ne sommes en fait qu’en train d’interpréter le reflet des rayons lumineux qui se projettent sur cet objet, et ce processus n’est possible que grâce à la présence de nos yeux et surtout de notre cerveau.
Malgré son apparente sophistication, ce processus ne fonctionne pas toujours de manière optimale. Il y a parfois des faux qui engendrent une certaine divergence entre l’information telle qu’elle est envoyée à notre cerveau et la manière dont elle est interprétée. C’est précisément ce qu’il se passe dans le cas des illusions d’optique qui sont en général provoquées par une mauvaise interprétation des patterns de lumière, des couleurs ou des formes présentes dans l’environnement et qui génèrent une distorsion des images qui nous sont renvoyées.
A l’heure actuelle, on distingue celles qui sont le résultat de la limitation physiologique du système visuel et qui engendrent les illusions d’ambiguïtés (images à double sens, comme le canard-lapin) et de distorsions (illusions géométriques jouant sur la taille et la perspective, comme l’illusion de Müller-Lyer) de celles qui résultent d’une instabilité cognitive et qui donnent lieu aux illusions de paradoxe (images impossibles en 3D malgré leur aspect convainquant en 2D, comme l’escalier de Penrose) et de fiction (quand une image produit la perception d’un objet qui n’est pas vraiment là, comme le triangle de Kanizsa).
Depuis toujours aussi, les illusions d’optique font l’objet de toutes les convoitises tant elles trompent l'oeil des spectateurs. Pensons un instant aux tableaux issus de la Renaissance italienne capables de recréer, sur base d’effets de perspectives, l’illusion de l’espace et du volume en les représentant tels qu’ils sont perçus du point de vue de l’observateur. Ce n’est qu’au 19e siècle en revanche que les illusions d'optique gagnent en popularité et notamment pour les scientifiques intrigués par ce « défaut » du système perceptif. L’avènement de la psychophysique (étude des rapports entre les faits physiques et les sensations qui en résultent) et, plus récemment encore, des neurosciences (étude du système nerveux) en étoffent encore aujourd’hui l’investigation.
Malgré cette convoitise, il apparaît également que les médias qui traitent du sujet manquent encore cruellement, à l’heure actuelle, d’explications théoriques convaincantes, accessibles et capables d’éveiller la curiosité scientifique des petits et des grands. Certains manquent par ailleurs de dynamicité. C’est le cas des livres sous leur forme imprimée qui sont par ailleurs majoritairement de langue anglaise.
Pour ce qui est des livres en français, peu proposent une explication argumentée quant à l’origine biologique des illusions ou des bases neurales qui les sous-tendent, ce qui entrave véritablement à la compréhension du phénomène. Sous leur forme numérique, on retrouve d’autres médias comme, les sites internet [6][7] qui sont, eux, certes plus dynamiques par la possibilité qu’ils offrent à l’utilisateur d’interagir avec le contenu de l’illusion (ex. l’illusion s’anime lorsque l’on passe son curseur dessus). Viennent enfin certain(e)s musées/expositions dont les enfants et les plus grands apprécient la visite mais dont l’ancrage théorique et scientifique laisse parfois à désirer. De plus, ces lieux confondent souvent les illusions d’optique avec les énigmes/casse-têtes (ex. Tours de Hanoï) ou encore les effets psychologiques (ex. effet Stroop) qui n’enseignent pas la science de la perception.
Nos multiples expériences en tant qu’animatrices à l’Université des Enfants nous ont montré que les enfants (6 à 12 ans) étaient curieux et amusés par les illusions d’optique. C’est sur base de cette expérience qu’a été développé le projet proposé ici. Nous pensons aujourd’hui que le format du jeu de société choisi ici pour aborder le sujet des illusions d’optiques est idéal. Bien plus que d’offrir une simple exposition, il offre en effet la possibilité de jouer, de résoudre des énigmes et d’accomplir, ensemble, une série de missions. Il bénéficie donc d’un caractère à la fois efficace et ludique. Son côté stratégique favorisera également l’apprentissage des uns et des autres, tout en les sensibilisant à un aspect de la science de manière critique.